Bondues : Toulet, quand le billard devient l’ultime élément design de la maison
Zoom sur ces entreprises, nées au siècle dernier, qui participent encore aujourd’hui au dynamisme économique de la région. Elles ont grandi, évolué, tantôt en respectant les traditions, tantôt en s’adaptant aux évolutions technologiques. Les billards Toulet sont l’une d’elles.
« Aujourd’hui, qui a envie d’un billard marron tapis vert ? », lâche Marc-Alain Deledalle, directeur général dans le showroom clinquant de l’usine. Armature rouge croco ou dorée, tapis rose ou bleu criard aux boules assorties, diodes clignotantes, finition vache… Ici, aucun billard ne se ressemble : « Et c’est ce que nous recherchons : du sur-mesure à la démesure des clients. » Depuis le rachat de la société à la famille Toulet, en 2008, le jeune entrepreneur travaille à moderniser, avec son épouse spécialiste de la décoration d’intérieur, « un objet qui était devenu vieillissant et relégué au grenier ».
BlackLight, l’eurêka total !
« La déco a pris énormément d’importance, toute notre activité est orientée sur le design », signale le directeur. Tout, à l’exception des billards de compétition qui doivent afficher un bon vieux tapis vert, bleu ou gris. Mais aujourd’hui, le marché aux particuliers tient une place majeure dans le chiffre d’affaires de l’entreprise, près de 90 %. C’est l’arrivée, en 2010, du BlackLight, pensé pendant une année avec des élèves de l’Institut supérieur de design de Valenciennes, qui marque le tournant Toulet : « Sans pied, sans bois, résolument moderne : l’eurêka total ! Les ventes ont explosé, on en vend un par semaine. »
En redessinant le billard, Toulet lui offre une place au salon : convertible en table à manger, il séduit les familles européennes et devient totalement excentrique sur le marché mondial (50 % du chiffre d’affaires) : diamants, saphirs, juke-box, strass, Bluetooth, les Qataris, Dubaïotes et Américains en raffolent et formulent les demandes les plus folles à des prix tout aussi extravagants. L’une des dernières commandes par exemple : un billard dans une structure de Mini, dessiné sur mesure pour la modique somme de 35 000 €.
Touche française
Pour titiller et dominer le marché international, le directeur le sait, la touche française est son atout. « Délocaliser, c’est perdre sa liberté, on produit au maximum sur place, sauf certains produits précis comme les tapis, faits en Belgique, ou l’ardoise, qui vient d’Italie. » Jouxtant le showroom, l’atelier, une scierie à première vue bien classique, mais où les machines de découpe 5D côtoient des menuisiers aux savoir-faire spécifiques. « Si la moitié des ouvriers s’en allaient, je serais très mal, car ils se transmettent les techniques entre eux. » Ici, on débite et soude les structures métalliques, on pose l’ardoise qui permet de donner l’effet aux boules, on pose l’antirouille, la laque pour ensuite emballer les billards en kit dans d’immenses boîtes en bois avant expédition.
La dernière bonne idée du fabricant : lancer, avec le footballeur Mathieu Debuchy, une marque de baby-foot design et résolument moderne. « Un carton », sourit le chef d’entreprise.